DELPHINIUM
Iris Brosch
Delphine Volange est née parmi les roses
d’un jardin sarthois. Elle fut élevée au cœur
de Paris, chez les Sœurs qui ne contrarient
pas son goût pour les crépuscules inquiétants,
les romans d’amour impossible ni les mystères de l’Au-delà… Dès son enfance, elle invoque
les Muses et le Saint-Esprit, invente avec allégresse ses spectacles et chante des incantations à l’âme ardente des étoiles :
Sirius, Bételgeuse, Aldébaran…
Elle obtient ses premiers succès dans les salons du tout-Paris, où elle rencontre -parmi de nombreux personnages du Roman de sa vie- les acteurs de ses futures destinées musicales…
Entrevues (extraits)
Le journaliste : Mademoiselle Volange dans une récente interview votre ex-impresario
a décrit ce qu’il convient d’appeler
vos apparitions …
Delphine Volange : Ah oui ?
Il raconte qu’une exquise odeur de rose précède chaque fois votre entrée en scène
et qu’une auréole délicatement dorée-je
le cite- l’avait souvent ébloui en votre présence…
Delphine Volange : Oh pardon !
Vous …vous ne semblez guère surprise… ?
Delphine Volange : Mais… ne sont-ce pas là les attributs du sexe enchanteur ?
Mademoiselle, j’avoue qu’on peine à vous imaginer dans le marais fiévreux
du show-business…
Delphine Volange : Vous savez, dans la vallée des Ombres, nous sommes tous passants…
Certes. Quant à garder votre âme, on sait que vous le… pûtes !
(Elle s’étouffe)
Delphine Volange : Pardon ?
Oui bien sûr.
Une héroïne digne de ce nom ne pactise pas avec la laideur !
Ô Mademoiselle, je vous trouve sublime
sans interruption !
Delphine Volange : Oh vous trouvez?
(Elle rosit)
Merci, c’est gentil... je ne suis
qu’une Amoureuse vous savez,
un être d’Aurore et d’Idéal ...
Ornela Vorpsi
Mademoiselle, on vous a prêté
(pardonnez-moi) quelques orageuses liaisons ?
Delphine Volange : Et d’où le tenez-vous ?! Je n’ai pas fait scandale depuis au moins un siècle !
Justement, j’ai retrouvé un exemplaire
de l’Illustration…
Delphine Volange : Ah je vois…
Si je puis enchanter le cœur des hommes par mes potions
et mes sortilèges, il ne fut pas
en mon pouvoir de ne pas tomber amoureuse...
Heu…c’est comme si pardonnez-moi…
comme si vous n’étiez pas tout à fait heu…
Delphine Volange : Pas tout à fait …une femme ?! Vos yeux n’ont donc jamais distingué entre une femme
et une fée ?
Ah c’est donc cela…mais il me semble… enfin…
Delphine Volange : Il vous semble
que je suis dans ce monde mais pas de ce monde !
Et alors ? Ça vous met dans
le sirop ?! ….
(Il baisse les yeux...)
Pourquoi vous êtes-vous rendue à dos d’âne
à vos premiers concerts ?
Delphine Volange : Ah mais…
pour faire mon intéressante voyons !
Mais non …en gage d’humilité
et de courage bien sûr ! (rires)
J’ai trouvé le passage où il parle de vous dans ses Mémoires !
Delphine Volange : Les mémoires de…qui ?
Eh bien mais…les Mémoires de Pompon... !
Delphine Volange : …Pardon ?!
Alors...je lis page 22 : « Gracieuse
et souveraine, Volange passe comme un songe emportant avec elle une traînée de charme, de caresses, de douceurs et de parfums, laissant derrière quelque chose d'inconsolable...»
Delphine Volange: Vraiment il a dit çà...?
Mais oui.
Delphine Volange: Pompon ?
Absolument.
Delphine Volange ( Très émue) : Décidément le coeur importe plus
que la mine....
David Ignaszewski
Votre gaîté candide a dû vous attirer quelques déconvenues dans ce milieu ?
Delphine Volange : Ah … l’étoile
dans mes yeux a parfois brillé
comme une larme !
Oh…
Delphine Volange : Mais depuis toujours dans la forêt du monde,
il ne tient qu’à moi d’escorter
ma beauté menacée et convoitée
(celle de mon âme bien sûr !)
Oh…
Delphine Volange : Oui…laissons couler la bave des crapauds
et des scribouilleurs … !
(Elle rit)
- CONFESSIONS D'UN IMPRÉSARIO -
« Elles sont ainsi quelques-unes qui fleurissent… uniquement
pour nos rêves…parées de ce que les siècles ont mis de poésie,
de coquetterie et de charme autour de la femme…
Celle-ci possède un je-ne-sais-quoi qui me consume
et je ne comprends pas ce que je désire...»
« Imaginez-vous, j’étais l’impresario d’une chanteuse moi,
d’une sirène coquette un peu folâtre qui posait même en déshabillé hein (!) et peu à peu je me retrouve affairé à servir …
la plénitude d’une âme pure, une beauté d’outre-monde
qui rend nostalgiques ceux qui la contemplent !»
« Il y a même des fleurs, notamment les pivoines qui produisent
sur ses nerfs un ravissement esthétique trop violent pour sa nature, cela suffit pour la faire évanouir, je vous jure c’est commode !
( un ami :) Ah bon, ça se peut çà ?
Bah oui, cela se peut -enfin je le suppose- par une opération interne de sensations célestes et de passion…
(un ami :) Eh bah la pauvre… !
Et moi donc. »
(EXTRAITS DU LIVRE DU MÊME NOM PAR LAURENT BALANDRAS)
LAURENT BALANDRAS À PROPOS DE VOLANGE